lundi 13 février 2012

[Tutti tuto Pâte] Isom Dart

ISOM DART
? - 1900

Isom Dart / 1999 / 54mm, transformation à base Verlinden
Peut-être ce nom ne vous dit-il rien. Pourtant, Isom Dart fut un hors-la-loi aussi célèbre que Kit Carson, Tom Horn, Butch Cassidy, Jesse Ewing, Jedediah Smith et bien d'autres encore…
Comme la majorité de ces personnages qui forgèrent la légende de l'Ouest, son histoire fut mouvementée, avec un dénouement tragique !
" Esclave, soldat, cow-boy de rodéo, voleur de bétails, bandit" : c'est ainsi que l'a décrit R. Redford dans son livre "La piste des Hors-la-loi". Cette piste légendaire sinuait du Montana au Nouveau Mexique, traversant l'Utah, le Colorado et l'Arizona; les hors-la-loi l'avaient tracée et l'empruntaient pour regagner leurs repaires de Trou-dans-le-mur, Brown's Park ou Robbers Roost, et échapper ainsi aux poursuites de la police.
Avant de traîner ses bottes sur cette piste poussiéreuse, Isom Dart, ancien esclave, travailla un temps à la construction du chemin de fer. Puis il devint voleur de bétails et de chevaux; il fut aussi dresseur et gardien des montures de divers hors-la-loi de Brown's Park (dont celles de la fameuse Bande Sauvage de Butch Cassidy). Et pour compléter ses activités illégales, il prit la tête d'une bande d'une dizaine d'hommes. Il vivait à Crouse Creek, une large vallée luxuriante entourée de crêtes, qui était l'un des endroits les plus isolés de Brown's Park. C'est là, dans sa propre cabane, en 1900, qu'il fut assassiné par Tom Horn.

1870, South Pass City. Isom Dart fit plusieurs passages dans cette ville, dont un particulièrement désagréable: il connut en effet une des cellules de la prison, qu'il dut partager, faute de place, avec Jesse Ewing. Ce dernier, surnommé "l'homme le plus laid de South Pass" après avoir été cruellement griffé au visage par un grizzli, était un hors-la-loi endurci, coriace et violent. Ewing, peu enclin à partager quoique ce soit avec un Noir, n'apprécia pas du tout la situation. Il obligea Dart à se mettre à quatre pattes pour lui servir de table. Dart obtempéra par crainte d'être pendu s'il se révoltait. Mais ce n'était que partie remise; Isom Dart se vengea de cette humiliation un peu plus tard, lorsqu'un de ses amis tua Jesse Ewing d'une balle de revolver dans le crâne. L’histoire de l’Ouest n’est pas faite que de héros.


La saynète
Cette saynète m'a directement été inspiré par le film de Sergio Leone "le Bon, la Brute, le Truand" (plus précisément une scène où Tuco -le Truand- prend un bain dans un hôtel en ruines après un bombardement nordiste). Le livre de R. Redford m'a permis de mettre un vrai nom sur mon personnage, et de plonger dans la véritable Histoire de l'Ouest et découvrir les hommes et les femmes qui l'ont vécu.
Je voulais changer des habituelles scènes de genre "western" où l'on voit des shérifs dégainer plus vite les uns que les autres, et essayer plutôt de traduire un vécu quotidien (travailler plus dans l'esprit d'une figurine civile). J'ai choisi ce personnage d'Isom Dart parce qu'il était Noir et que son histoire était le reflet de cette époque.

Ainsi je tenais mon personnage et j'avais cerné l'ambiance de ma saynète.


Le décor
Je l’ai voulu sobre, avec juste quelques objets qui racontent le personnage et situent l’histoire. C’est donc ici que j’ai choisi les objets à intégrer au décor et leurs emplacements pour mettre en valeur la figurine. Cette dernière doit rester l’élément central de la scène.
Afin d’aérer un peu la saynète, le plancher en bois est collé sur deux poutres transversales ; l’ensemble est posé de biais par rapport aux côtés du socle pour en casser la symétrie. Toutes les boiseries sont repeintes à l’huile, afin d’harmoniser les tons avec l’ensemble de la saynète.
Les éléments du décor sont donc peu nombreux, mais placés de façon à occuper toute la surface, sans laisser d’espace vide. Importants, car participant totalement à créer l’ambiance de la saynète, ils réclameront d’autant toute notre attention :

  • La bouteille provient d’une boîte Verlinden. Elle est sous-couchée en blanc; pour marquer le niveau du « liquide », j’ai passé une couche de marron à l’acrylique sur la partie basse de la bouteille, en veillant à la bonne horizontalité de la ligne de niveau ; pour imiter le verre vert, j’ai utilisé, en deux couches, du vernis à vitrail vert (marque Pébéo).
  • Les bottes sont elles aussi d’origine Verlinden (bottes allemandes de la 2ième G.M.). J’y ai apporté les quelques modifications suivantes (j’ai choisi de représenter des bottes de l’armée) :
    • j’ai retaillé les pointes pour en faire des bouts carrés. 
    • les passants aidant à enfiler les bottes sont en feuille de plomb
    • les éperons sont en milliput (les roulettes en carte plastique), leur système d’attache en feuille de plomb (j’ai pris comme référence un croquis de V. Vukcis)
  • Le tabouret est entièrement fabriqué dans de la carte plastique, les veinures de bois gravées à la pointe sèche.
  • Le revolver est de la marque  « Shenandhoa » dont j’ai percé le canon avec un foret de Æ 0.3 mm. J’ai ajouté sur le dessous de la crosse un anneau auquel est attaché un lacet de cuir (ces deux parties sont en fil de cuivre).
La peinture de ces éléments n’apporte aucun commentaire particulier, si ce n’est qu’ils demandent autant de soin que la figurine elle-même.










La petite transformation
Petite en effet, car les quelques modifications que je vous propose ne comportent pas de grosses difficultés.
La figurine de départ est de la marque Verlinden. La sculpture est bonne, exceptée la tête casquée ; cela tombe bien, je ne voulais pas la garder, et je m’empresse donc de la remplacer par une des superbes têtes nord-africaines Historex en résine. Par contre, le moulage de notre baigneur est moins bon, et il demande un minimum de préparation pour obtenir des surfaces prêtes à peindre. La baignoire en bois, quant à elle, correspond tout à fait à la période traitée ici.
Avant d’attaquer les modifications, j’ai au préalable percé deux trous afin d’y insérer les fameuses aiguilles qui servent à la fixation de la figurine sur le socle.
Et voici donc la marche à suivre pour obtenir un « cow-boy » :

  • J’ai affiné et retaillé le tee-shirt que notre homme portait autour du cou pour en faire un foulard. Il faut veiller pendant cette opération à ne pas marquer le corps du bonhomme. J’en ai profité pour poncer le collet moulé avec la tête Historex en vérifiant qu ‘elle se place correctement sur le buste
  • J’ai ajouté une fine moustache rase, en me basant sur un portrait en pied d’Isom Dart
  • Pour le chapeau, j’ai repris la technique que Bill Horan a développé dans le n°1 de Figurines : à partir d’un gabarit en papier, j’ai découpé un disque dans une fine feuille de milliput ; entaillé en son centre d’une croix, j’ai fait glisser ce disque sur la tête jusqu’à bonne hauteur (fonction de l’effet désiré). Le « corps » du chapeau est une boule de milliput mise en forme dans le frais. Une fois bien sec, le chapeau est poncé au papier abrasif 600 (n’hésitez pas à rajouter de la matière s’il y a des raccords à faire), puis au 1000 jusqu’à obtenir un rendu parfaitement lisse. La bande en cuir décorative ceinturant le chapeau est en feuille de plomb, la plaque doré la maintenant en place en milliput (une petite boulette aplatie). J’ai percé un trou sur chaque bord du chapeau (un foret de Æ 0.3 mm tourné à la main et en douceur) pour le passage du lacet en cuir. Ce dernier est en fil de cuivre, recuit à la flamme d’une bougie afin de le mettre en forme sans problème, notamment pour les nœuds.
La peinture de la figurine
Vous pouvez vous reporter au tableau ci-contre pour avoir le détail des couleurs. Je vais seulement revenir ici sur quelques points particuliers :

  • La teinte chair : il existe autant de nuance de peaux noires que de peaux blanches. Il n’y a donc pas LE mélange adéquat. Isom Dart vivait le plus clair de son temps au grand air ; et les mélanges entre Noirs et Blancs étaient peu fréquents à cette époque; il devait donc avoir la peau très noire. C’est pourquoi je suis parti sur une base sombre, du brun Van Dick, mélangé à du Carmin brûlé pour casser l’aspect terre du mélange et en aviver la chaleur. Ces « reflets » violets donneront vie à la peau. Les cheveux et la moustache sont noirs de bougie.
  • L’eau du bain est plutôt sale, d’où une couleur « ocre poussiéreuse » ; elle a ensuite reçu plusieurs couches de vernis brillant. La mousse est simulée par un léger brossage au blanc cassé (j’ai profité de la sculpture).
  • Toute la saynète est plutôt sombre, aussi pour égayer et éclairer l’ensemble, j’ai opté pour un foulard rouge (agrémenté de petits motifs), et un chapeau blanc (à dire vrai, un blanc cassé).
Alors qu’à mon habitude je travaille toujours mes blancs avec le noir de bougie, j’ai cette fois tenté l’expérience avec de l’ocre jaune (d ‘autant que cela s’accordait parfaitement aux tons de la scène). L’effet final ne choque pas l’œil, et il me sera nécessaire, dorénavant, de choisir le « blanc » s ‘intégrant le plus harmonieusement à l’ambiance que l’on veut rendre !










Les finitions de la fin
J’ai donc préparé et fini le décor en parallèle du montage de la figurine. Cette dernière une fois bien sèche, je l’ai fixé sur le socle (à l’aide des deux aiguilles !). Tout tombe pile poil. J’ai alors ajouté autour de la baignoire des traces d’eau sur le plancher (brun Van Dick en jus, puis couche de vernis).
Le titre est tapé sur Word, le papier collé sur un panneau fait de planchettes de bois.
J’en arrive aux dernières vérifications et retouches habituelles (comme à chaque fois !), avant que cette dernière pièce ne rejoigne la vitrine.


J’ai pris un réel plaisir à transformer cette figurine, et traduire en 3D l’idée que j’avais en tête. Il est d’autant plus motivant de peindre « sa » pièce unique ! Alors n’hésitez plus à mettre les mains à la pâte Milliput ou autre Duro, l’imagination devient votre unique limite.




Nota : le film de S. Leone fut l’œuvre inspiratrice, mais c’est la pièce de Doug Cohen, James « Dog » Kelly 1873, qui me fit « passer à l’acte ». Dès que j’ai vu cette figurine en photo dans un magazine, j’ai attaqué la préparation et les recherches de mon personnage.

Tableau des couleurs
Sous couche Acrylique Base Ombre Lumière

Teinte chair

Ombre brûlée (941)
+ Noir (950)
Brun Van Dick +  Brun Talens + Carmin brûlé Base + Brun Van Dick + Noir de bougie Base+ Ocre jaune d’or
Chapeau Blanc (951) Blanc + Ocre jaune Ocre jaune d’or Blanc
Foulard Rouge (957) Rouge Talens foncé Base + Vert anglais (L&B) Rouge vermillon + Jaune
Baignoire Terre mat (983) Terre de Sienne naturelle TOB + Brun Van Dick Base + Blanc + Ocre jaune
Bottes Terre mat (983) + Jaune mat (953) Ocre jaune d’or Base + TOB Base + Blanc
Plancher Ombre brûlée (941) TOB Brun Van Dick Terre de Sienne naturelle + Blanc
Rem : Les références acryliques proviennent de Prince August, les peintures à l’huile sont de la marque Rembrandt (sauf indication)

Bibliographie 
  • « La piste des hors-la-loi » de Robert Redford / éd. Librairie des Champs Elysées
  • « Sergio Leone » de Gilles Gressard / éd. J’ai Lu Cinéma
  • « L’âge d’or de la cavalerie » de Z. Grbasic et V. Vukcis / éd. La Bibliothèque des Arts 
 DiscographieAfin de peindre dans l’ambiance et être en harmonie totale avec le sujet, procurez-vous « Le Bon, la Brute et le Truand » (B.O. du film du même nom), d’Ennio Morricone / éd. EMI

Vidéographie

Pour vous replonger dans cet univers de sueur et de poussière, je ne saurais trop vous conseiller cet extraordinaire western (avec une reconstitution plus vraie que nature d’un épisode sanglant de la guerre de Sécession), qu’est «Le Bon, la Brute et le Truand » de Sergio Leone.

(cet article a été écrit en 1999, et retranscrit tel quel) 

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