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mercredi 4 novembre 2020

Texte pour Figone: Pantheon Daemonicus


Pantheon Daemonicus
Le quatuor capiteux / Lussuria a quattro / Luxure à Quatre

Dans ce mélange des genres, dans ce méli-mélo des êtres, une sensation prévaut : la Félicité.
Plaisir frissonnant, comme leurs langues effleurant les lames effilées.
Plaisir inébriant, les pichets sont vides.
Plaisir capiteux, les flammes pourlèchent les peaux nues.
Plaisir alangui, comme ces corps au repos moelleusement allongés sur les coussins lourds.
Le quatuor semble poser, modèles d’une œuvre éphémère : mais le quatuor ne se fige pas, il suspend son souffle, avant de replonger dans l’entremêlement des sens ; comme un silence dans un air d’opéra wagnérien.
« - Allons chercher à boire, reprenons nos agapes, « luxurions » ensemble !
- Est-ce une invitation à me joindre à vous ? »

mardi 1 juillet 2014

Textes pour Figone: Rocco, Carmina, Helmutt, Caappiti, Tahar Amha


Rocco
Du haut de l’escarpement, la sentinelle reptilienne somnolait sous le soleil pâle.
Rocco le grand varan captait les pensées clairsemées de son cavalier. De même que Rocco était le dernier dragon vivant, Rollo était le dernier dragonnier de ce monde. Rocco ne se plaignait pas. Il résumait son cavalier d’une phrase: un esprit simple dans un corps sain. Aisé à influencer, à conduire. Une éponge naturelle, que Rocco pouvait emplir et presser à loisir.
Rocco soupira, jeta un œil paresseux sur la vallée à ses pattes, les pics enneigés au loin. Il sentait Rollo raide comme un piquet sur la selle, vigilant ; nouveau soupir accompagné d’un petit sourire qui dévoila sa langue bifide.

Tout bien pesé, Rocco s’estimait bien monté. Il eût pu plus mal tomber.


Carmina
Beuren Hill.
Elle planta son étendard en terre. La voile sombre claquait au vent derrière elle, couvrant les cris de la meute qui se précipitait à sa rencontre.
Les Gehuilpiek couraient, tête nue et crête hurlante, sur la pente glissante. Et les premiers assaillants furent à portée de lame.

L’armure l’étouffait. A la chaleur suffocante s’ajoutait la rance odeur de la transpiration. Les gouttes de sueur dégoulinaient sur son visage, le sel brûlait ses yeux, irritait sa peau.
Feinte, coup d’estoc, parade, taille… un pas de côté, nécessité de souffler, la bouche ouverte, la gorge râpée par les morceaux d’air qu’elle tentait d’aspirer.
Nouvelle douleur sur le flanc, elle lança sa main armée du poignard vers l’arrière, trancha dans la chair.
Elle avait mal, le sang perlait sous les plaques d’armure.
Elle lâcha la dague, son épée pesait, elle avait besoin de ses deux mains pour la soulever.

Elle était lourde.
Elle s’enfonçait dans la boue.
Elle peinait, ahanant de fatigue.

Elle se sentit débordée de toute part.
La douleur reflua.
Elle était encore debout, déjà morte.

« Mon nom est Carmina ».
La vague hurlante la submergea, les lances la transpercèrent, la soulevèrent de terre.  


Toxic Helmutt
Plaies profondes, sanguinolentes.
Douleur qui lacère. Et ce bras, cette extension mécanique qui le démange jusqu’à perdre la raison.
Les vapeurs corrosives l’enveloppèrent, l’enserrèrent, le retinrent.
Il grogna, agita des membres, sa chair brûlée grondait.
Traverser le nuage.
Ces petites gouttelettes d’acide en suspension dans l’air lourd d’humidité et de parfum d’oxydation protégeaient l’ouverture de son antre, nichée dans les profondeurs de la centrale désaffectée. Mais chaque traversée de ce voile brumeux et protecteur était un calvaire.
Une douloureuse renaissance.  


Caappiti
Quotidiennement au matin levant, Caappiti répétait le même lent cérémonial. Se mirant en sa glace, sûr de son troublant et disgracieux physique, il léchait d’un coup de langue expert la liqueur hallucinogène qu’exhalaient les pustules parsemant le corps de la grenouille qu’il tenait en main, tout en serinant invariablement la même question. Question qui, au demeurant, était plus une affirmation qu’une véritable interrogation, tant la réponse ne faisait aucun doute dans son esprit.
« - Miroir, oh mon grand miroir, qui donc est le plus laid en la cité ?
- Krapotine…
- Oui, je suis… euh… rrrrhhhhuuuuu ???… Qui ? Quel nom as-tu éructé ? »
Caappiti braillait, hurlait de rage.
« - C’est moi, Caappiti, le plus moche de la cité ! Capito, psyché de pacotille ? »
Il balança le batracien hallucinatoire à la tronche du miroir qui vola en éclats ; les morceaux acérés déchirèrent ses chairs, lacérèrent son visage.
Un fragment du miroir murmura alors dans le silence revenu :
« - Te voilà de nouveau le plus affreux, Caappiti la Taillade ».  


Tahar Amha
Elle jongle telle une majorette avec ses poignards, joue de sa lance et de sa hache avec aisance, se rie des piques de ses homologues mâles.
Le froid ne la blesse pas, une chaleur intense irradie de son cœur enflammé. Les flocons de neige, au contact de sa peau rosée, s’évaporent en volutes vaporeuses.
Sous le vent, elle rayonne, les regards se tournent sur son passage, suivent le rythme souple et élancé de son pas… puis, le vent tournant, les nez se froncent, les narines se pincent…
Tahar Amaha est belle, vive et intelligente… mais elle sent le poisson.  

Texte pour Figone: Haan, Captain Sapo, Verus etc...


Haan l’hippopotame
L’hippo Haan jetait des regards anxieux alentour, trottant rapidement à l’ombre de la nuit. La savane bruissait de silence. Jamais Haan n’eût pu imaginer cheminer ainsi l’œil apeuré. Haan le bûcheron, qui d’un élan, d’un cri retentissant, de sa hache, abattait le plus gros des fromagers. Son « haaannn » résonnait dans la savane, couchait de sa caresse les têtes lourdes et dorées des graminées. Sa bonhommie rayonnait. Mais une jalouse voisine, femme du charbonnier, s’acharna sur lui sans répit. Haan fut marabouté.
Il se répandit en vaines palabres. Il fracassa sa hache sur une racine. Ses deux bras se gonflèrent d’impuissance. Le plus petit des burkea le paralysait.

Haan marcha plusieurs jours, plusieurs nuits. La faim, la soif le tenaillaient.
Haan, enfin, reconnut la silhouette du grand baobab protecteur ; il découvrit la noble ramure piquée de rouge de l’acacia centenaire. La case d’Aahl lui ouvrait ses portes.

La version éditée par Jerems
Haan jetait des regards anxieux alentour, trottant rapidement à l’ombre de la nuit. La savane bruissait de silence. Jamais il n’eût pu imaginer cheminer ainsi l’œil apeuré.
Haan marcha plusieurs jours, plusieurs nuits. La faim, la soif le tenaillaient.
Il reconnut enfin la silhouette du grand baobab protecteur ; il découvrit la noble ramure piquée de rouge de l’acacia centenaire.
La case d’Aahl lui ouvrait ses portes.


Nathaliel
« - Son nom est Carmina ».
Nathaliel de la pointe de l’épée indiquait le sommet de la colline en point de mire.
Pâle et froid, rien ne transparaissait de ses pensées.
Pas de colère, parce qu’un haut-elfe ne ressent aucune émotion.
Pas de larme, parce qu’un prince elfe ne pleure qu’une fois ; des perles plus rouge que le rubis, plus pures et plus dures que le carbone cristallisé ; des larmes de pierres ensanglantées, tellement coupantes qu’il en perd la vue ; des diamants Sangre.

Les lanciers avançaient au pas souple et cadencé d’une armée en marche.
Les premiers rangs pouvaient apercevoir une hampe fichée en terre sur le sommet de Beuren Hill.
Les yeux aiguisés devinaient la tête momifiée empalée sur la pointe brisée.
Toute la Légion Sinople connaissait le fait d’arme de Carmina, sœur de Nathaliel.

La version éditée par Jerems
Nathaliel de la pointe de l’épée indiquait le sommet de la colline.
Pâle et froid, rien ne transparaissait de ses pensées.
Pas de colère, parce qu’un haut-elfe ne ressent aucune émotion.
Pas de larme, parce qu’un prince elfe ne pleure qu’une fois ; des perles plus rouge que le rubis, plus pures et plus dures que le carbone cristallisé ; des larmes de pierres ensanglantées, tellement coupantes qu’il en perd la vue ; des diamants Sangre.  


GladiaTaure
«
- Grrrrr
- Oléééé !
- Rrrrrruuuuuhhhhh
- Oléééé !
- Ouummmphhh !!!!
- Ooooooolééé ! »
Tszang ! Chkling ! Ouuusssshhhhh !!!!!

«
- Ouououououhhhh !!!!!!! Pollice verso ! »  


Le rôdeur
« - Putaingue ! Je me suis encore paumé…
Pfffouououou. La nuit tombe, il fait froid, et il bruine ! Génial.
Mais comment font-ils pour toujours retrouver leur chemin ?
Le coup de la mousse sur les arbres… La mousse, elle est de quel côté ? Elle indique le Nord ? Ou bien le Nord, c’est l’autre face du tronc ? J’ai le nez sur l’écorce, je n’y vois goutte !
Et c’est parti pour une nouvelle nuit à tourner en rond à la fraiche. »  


Trollus Lunae Bellicus
« - J’ai une grande barbe, des pattes de chèvre, des oreilles pointues et poilues.
J’ai une paire de cornes, des doigts griffus.
Non, je ne suis pas un satyre, ni Dionysus.
Je suis Trollus Lunae Bellicus.
Et j’ai une grande hache pour hacher menu-menu.
Pan dans ta gueule ! »  


Captain Sapo
Le capitaine Sapo dirige de main palmée la Brigade des égoutiers.
La noirceur ambiante des tubes le dispute aux parfums graisseux des machineries qui parsèment les petites salles isolées, pareilles à des îlots abandonnés. L’eau suinte dans les différentes galeries souterraines, la lumière diffuse des lumignons peine à percer l’air confiné.
Seule l’équipe de batraciens est à son aise dans cet élément, tel le têtard dans la vase.
En ce matin automnal, le capitaine Sapo, un petit sourire aux lèvres, a réuni sa troupe pour une nouvelle mission de dégazage dans la zone DesTop-12.
Ca va dépoter !  


Verus
Verus, petit esclave de Mésie, fils d’esclave, travaillait aux champs avec son père, sous un soleil sec et poussiéreux. Un marchand d’esclaves repéra le garçon, musculeux pour son âge, et paya à son maitre une somme rondelette pour son acquisition. Suivit un long périple, qui mena la caravane jusqu’à Rome l’Eternelle.
Sur la place carrée qui accueille le marché aux gladiateurs, le marchand se frotte les mains : il vend Verus à un laniste avec un bénéfice pécuniaire non négligeable. Verus entame sa nouvelle vie en passant le porche du ludus.
Il n'a pas 14 ans.
Suivent deux années d’apprentissage du métier de gladiateur, d’entrainements, d’endurcissement du corps. A 16 ans, il survit à son premier tournoi dans l’arène. Le premier combat, le plus dangereux.
Verus, petit esclave de Mésie, fils d’esclave, construira sa légende dans le cirque. Au Colisée. Il y gagnera sa liberté.

vendredi 17 mai 2013

Texte pour Figone: Lharm Sheõd

الريح تهب (Lharm Sheõd)
Elle est enchanteresse serpentine, amante du vent chaud, religieusement dangereuse,
Elle est ce parfum subtil que l’on ne décèle que trop tard, lorsque souffle sur la nuque sa lame effilée.
Elle est souple comme l’anguille de C’Tlà Mar, rêche comme l’écorce des pins du Nord,
Elle est mime, l’ombre de l’ombre les soirs de lune rousse.
Elle est le charme empoisonné fait chair, une volute de djinn. Tintinnabulent les piécettes d’or, volettent les fanfreluches de soie, elle n’a d’orientale que l’apparence trompeuse de la danseuse voilée.

mercredi 20 février 2013

Texte pour Figone: Aahl le marabout

Aahl le marabout
Aahl l’aruspice a construit sa case carrée Mbalang près du grand baobab protecteur, à l’ombre parcimonieuse d’un acacia toujours en fleurs. Les fresques ornant l’entrée, les colonnades sculptées, sont à l’effigie des animaux, des fruits et des fleurs du pays.
Aahl l’Aethiopicus est fils de bōliō, il n’en possède pas pour autant une queue en tire-bouchon.
Aahl le marabout n’est pas la moitié d’un sorcier. Sa renommée est telle que les visiteurs viennent de toute la contrée, et des régions avoisinantes, distantes de plusieurs jours de marche.
Le guérisseur local, jaloux qui perdit du coup ses initiés en faveur d’Aahl le sorcier, devant la file d’attente si longue que chacun avait le temps de découvrir les scènes détaillées sur les colonnades, l’affubla derechef du sobriquet d’Aahl la queue leu leu.

mardi 29 janvier 2013

Textes pour Figone

Carla
Versailles.
Carla était hésitante. Moulée (à la louche) dans sa robe fourreau grenadine, elle chantonnait de sa voix rauque, tentant de calmer les palpitations de son cœur. La chape de plomb qui étreignait son estomac ne la quittait pas. Elle avait du mal à respirer. Elle n’osait s’avancer dans la galerie des glaces, peur de découvrir l’image de son nouveau corps. Oui, ces derniers jours au bord de la mer d’Odessa en compagnie de monsieur Gamma l’avaient transformée, transportée, transfigurée.
Brunie par le soleil, elle n’était plus la même.
Carla était hésitante, à l’entrée de cette galerie des glaces, une appréhension primale de ne pas se reconnaitre face à ses multiples reflets.

Airticia
En l’an 408 de l’ère Idja, Comis l’Arpenteur découvrit un fragment de stèle en granit rosette enfoui dans les grands regs roux de la plaine des Sans-saveurs : la légendaire pierre de Sôôô Shïïï Zon, dernier témoignage de la Geslte de Airticia la blonde amazone.
 ( - Mais il n’est pas question une seule seconde que je la prenne pour première femme ! Non mais tu m’as bien regardé ? Et tu l’as vue ta sœur ? Avec un physique pareil, façon poissonneuse nest-Ralleumende, galbée comme une poire piquée aux anabox, je préfère la guerre ! Et elle fait quoi là ? Elle prend la pose pour un concours de pec’ ?)
Le Dit du Prince Airtis XXVIII lorsque son cousin Riding le blond lui soumit ses conditions de pax gnomana.
L’excellent lettré Chantrognion l’Altruiste avoue tout de même que la traduction de ce texte reste encore soumise à des avis très… contradictoires, pour le moins.

Centaure
Bruits et fureur.
Le choc assourdissant des armes de métal, le râle des mourants, le hurlement des guerriers, le chant des dieux…
Ses gestes sont amples, déliés, rapide. Ses pupilles dilatées, sans ciller, virevoltent, anticipent les feintes et les tailles.
Acre est la douleur, dure est la terre sous les corps.
Sa hache siffle, rougeoie aux flammes, rougit de sang.
Il danse sans sourire.
Il est carnage.

Guruk le beige
« - Mon nom est Guruk le beige… grrruuuuuupfffffhhh »
Long moment de silence, entrecoupé des seuls bruits de gorge de sa respiration, signes de son extrême tension émotionnelle.
« - Pssssssuuuuiii… Allallane le chevelu, la chair de ma chair, a rendu aux dieux son dernier souffle… grrroumphhh… ma tribu n’est plus… »
De nouveau, une lente expiration rauque, le souffle des arbres bruit, les feuilles l’effleurent d’une caresse apaisante.
« - Je suis le dernier des Hirsutes. »

Yarriguette
Il ne faut pas s’y fier, sous ses airs de coquette, Yarriguette est fille de la Nuit, elle porte ciseaux à la ceinture. Elle est Parques, la quatrième sœur oubliée, la benjamine des divines fileuses.
Elle est celle qui emmêle l’écheveau; la vie des hommes s’en trouve pleine de surprises.
Mais Yarriguette ne veut pas éternellement faire des double-nœuds à la trame des destinées, ou tenir la chandelle à des héros dans le Tartare égarés. Yarriguette rêve d’une idylle olympienne, épicée, pleine de saveurs.
Alors, elle a délaissé ses vieux oripeaux, s’est vêtue de jolies dentelles ; elle a quitté l’ancestral palais d’airain, elle est partie sur les chemins, à la recherche d’un Yarricot sans fil.

Pince de crabe
La nature est bien faite : le lézard possède une queue fragile qui, sectionnée par un bec carnassier, repousse toute seule jusqu’à retrouver sa forme pleine et entière.
La nature est surprenante : l’homme, au cours de manipulations hasardeuses, peut voir son sexe proprement cisaillé. Conservée dans de la glace, des doigts habiles ont le talent de reformer un tout indissociable : l’homme et sa virilité.
La nature est taquine : le succube, suite à des opérations retorses, est amputé de sa pince de crabe. Celle-ci renait de ses cendres dans l’antre du poulpe ! Et vous, oui vous qui me lisez, vous devenez le démiurge de la greffe démoniaque.

Violon
Je pourrais évoquer Stradivarius, ou Ingres, mais je vais vous parler de Grégoire.
La rue déserte se faufilait silencieuse entre les hautes rangées des immeubles anciens, dressés là comme une haie d’honneur. Les lampadaires à gaz diffusaient une lumière chaude, qui peinait à percer le brouillard givrant. Une vieille guirlande de Noël, accrochée entre deux éclairages se faisant face à face, clignotait inlassablement au-dessus des pavés humides.
Grégoire ne sentait plus le froid humide et pénétrant qui transperçait les différentes couches de tissus qui le couvraient. Allongé sur un bout de carton usé, dans un renfoncement de porte, les genoux remontés jusqu’au menton, il grelottait sans discontinuer depuis qu’il avait vidé les dernières gouttes de rouge au fond de la bouteille ; le vin avait maintenu un semblant de chaleur dans son corps transi.
Alphonse, gardien de la paix de son état, comme chaque soir, finissait sa ronde par la ruelle des pas perdus. Il sentit la présence de Grégoire avant de le voir ; du bout de son bâton blanc, il poussa légèrement la masse informe, qui grogna à peine. Il l’aida à se relever :
« - Allez, monsieur Grégoire, je vous embarque pour  ivresse sur la voie publique. Ce soir, vous passerez la nuit au chaud au violon ».

Roi Maulg
Forgé sur les champs de carnage, enrichi des terres conquises par le fer, abreuvé des flots de sang, ce titre fut léger sur les épaules de son père, et sur celles de ses aïeux avant lui : Seigneur de la guerre. Ses ancêtres portèrent avec fierté et arrogance la couronne glorieuse et la hache téméraire.
Aux yeux de Maulg le Placide, ces symboles sont un lourd fardeau, un héritage haï et suffocant. Ce cruel passé chanté par les bardes depuis ses jeunes années est une litanie abhorrée : Saigneur de la guerre !
Aujourd’hui, le voilà roi.
Aujourd’hui, il est le premier de la lignée des Seigneurs de la paix.

Tankha Wanka
Tankha Wanka est le plus grand défouisseur de fongeux rêve-debouts, ces champignons hallucinogènes dont sont friands les chamans tels que lui.
Il n’est ainsi pas rare d’apercevoir sa houppette envolée le long des petits marais gluants. Les plus savoureux rêve-debouts à la fragrance épicée poussent sous les bouses mousseuses des crache-feux dont les terriers creusent un réseau de galeries à fleur de boue.
Par ailleurs, les poétesses callipyges vantent son extravagante élégance vestimentaire : petite capeline en fourrure de pawam négligemment jetée sur les épaules, un seyant pagne « léger déshabillé » en feuilles mêlées de lotus d’eau saumâtre et de renoncules réticulées vert de vessie. La gente féminine suscitée avait tout autant remarqué la mise en valeur du galbe arrondi de ses fesses que le dodu de ses roubignolles.

Lion
La veille encore, la terre brûlée par le soleil se fissurait de sécheresse. Le sol craquelé se réduisait en poussière sous le pas fatigué des troupeaux. L’herbe était de paille.
Mais ce matin, la nature s’est éveillée aux joyeux trilles des oiseaux nichés dans les acacias.
L’herbe sèche ondule sous la caresse du vent, les grondements du tonnerre poursuivent de leurs échos les zébrures lumineuses qui strient le noir de l’horizon.
Le ciel se pare d’indigo et de cramoisi, s’assombrit, douce et colorée menace, promesse de renaissance.
La savane bruit, s’agite, nerveuse, frémissante et impatiente.
Le jeune lion hume la brise mouillée qui joue dans sa crinière.
Les premières gouttes lourdes et charnues, pleines de vie, s’écrasent au sol dans un chuintement pulvérulent.
Il pleut.

Katzara  (jamais publié)
Malgré les apparences, Katzara le Langoureux n’est pas une mauvaise langue.
« J’ai goûté à nombre de terres, ma langue s’est teintée des ocres de la Grande Rousse, des siennes de la Lira Lactée, ma langue a sillonné le cobalt de la Nébuleuse Bleue… »
Katzara est parmi les plus illustres stello-carto routards de l’Amas Frémissant.
Porté par les souffles onduleux des grandes naines et des rouges borgnes, son sac à dé rivé sur le dos, il est le premier à avoir posé la lingua sur tant de mondes.

Quì’Lì Quìn
Pénétrant au sein du dédale frissonnant et sombre, Quì’Lì Quìn la Veilleuse se laissait guider par ses sens. Dans la fiole qu’elle protégeait au creux de sa paume, Kas’bn était éteint, endormi. Kas’bn, fragile flamme bleue qu’il fallait nourrir de lumière et de chaleur. Cette étincelle de magie vive, une fois cristallisée pour l’hiver, ne s’éveillait qu’à proximité des fumerolles du dragon.
Au-dehors, les pluies de glace sonnaient le glas de la froide saison blanche. Il était temps de conclure l’hibernation de Kas’bn.
Quì’Lì Quìn entendit l’écho des soupirs du dragon, se perdit, se cogna aux angles aigus des roches noires et grenues qui dessinaient le labyrinthe. Elle raffermit sa prise sur la poignée de son épée, dont la pointe traçait un léger sillon dans le sable rouge, un éphémère fil d’Ariane qu’effacerait le souffle chaud du dragon.
Elle huma les fragrances épicées qu’exhalait la bête, elle goûta aux saveurs épaisses de l’air tiédi qui s’enroulait autour d’elle comme autant de volutes invocatrices.
S’approcher du dragon. Par l’esprit le frôler d’une apaisante caresse. Exposer Kas’bn, qu’il s’ébroue de sa glaciale torpeur.

C’était sa première fois, sa première rencontre avec l’Eveilleur.

Académique garçon
Académique 1
- C’est une sculpture de Rodin ?
- Non, c’est un académique de Bnoa.
Académique 2
La guerre des boutons fait rage. Elle s’est étendue aux élastiques et aux fermetures éclair. Les ceintures et bretelles se sont faites la malle. Le scratch ne se mouille pas et clame haut et fort sa neutralité.

Académique fille
Académique 1
Courbes parfaites et pleines, chair élastique et peau satinée. Son corps voluptueux est un poème sensoriel. Mais quel foutu caractère !
Académique 2
«- Un rien m’habille !
Mais il n’empêche, que vais-je mettre ce matin ?
»

Guerrière Lefago
Tout en armure de plate, la fière guerrière n’en est pas moins gironde.
Que le fringant chevalier ne s’effraie point de la grosse hache ! Que le vaillant gaillard sache la séduire sans rudesse ! Que le frileux guerrier du soleret foule le foin accueillant ! A ceux-là, rare, surprenante, telle le plus précieux des élixirs sorti de derrière les fagots, la belle dévoile son bon centimètre millimètre de gras.
Le rude hiver à venir n’a qu’à bien se tenir, la nue demoiselle possède le charme charnu. Le souffle glacé de la saison blanche à peine effleurera la couenne accueillante.